Né le 3 juin 1904 dans le ghetto de Washington D.C., Charles R. Drew, aussi doué pour le sport que pour les études, sera un temps directeur d’athlétisme et professeur de biologie au Morgan State Collège. Refusé à l’Université d’Howard où il comptait poursuivre ses études, il fuit la discrimination raciale de son pays et intègre en 1928 la Faculté de médecine de l’Université McGill à Montréal (Québec). L’environnement sera propice à son épanouissement. Une bourse de la Julius Rosenwald Foundation lui permet de terminer ses études et de se classer second d’une cohorte de 137 étudiants. En 1933, il obtient une maîtrise en chirurgie et, premier Noir à avoir le droit d’exercer la chirurgie en 1935, il travaille pendant une année comme interne dans un hôpital de Montréal.
De retour aux États-Unis, cet éminent scientifique noir-américain peut mener à bien ses recherches sur le plasma sanguin grâce à une bourse de la Fondation Rockefeller en 1938. En juin1940, sa thèse de doctorat en médecine de l’Université de Columbia, intitulée « Banked Blood A study in Blood Preservation », est qualifiée de « travail monumental et un guide pour la création des banques du sang ».
Nommé, en pleine guerre mondiale, à la tête du projet Blood for Britain project, il réussit, lors d’une réunion de la Blood Transfusion Association (à laquelle participent deux prix Nobel : Dr Carrel, 1912; Dr Landsteiner, 1930), à convaincre les participants de la pertinence d’utiliser le plasma au lieu du sang pour la transfusion. Car l’un des problèmes majeurs de la transfusion sanguine résidait dans la conservation de ce liquide qui, en dehors du corps, se détériore rapidement. Focalisant son attention sur les facteurs physiques, chimiques, biologiques, susceptibles d’engendrer l’altération du sang, le Dr Drew s’aperçut que l’usage du plasma sanguin (on entend par plasma la portion liquide du sang débarrassé des cellules) permettait de ne plus prendre en compte à la fois et le groupe sanguin du donneur et celui du receveur. Cette grande découverte révolutionna la profession médicale et put profiter aux milliers de blessés sur les champs de bataille d’Europe et du Pacifique.
En 1941, il œuvre également pour la Croix-Rouge américaine, mais démissionne en 1942 à la suite de la décision des Autorités militaires de refuser le sang des gens de couleur. La carrière professionnelle du Dr Drew se poursuit de 1942 à 1950 conjointement à l’hôpital Freedman où il pratique la chirurgie et à l’Université d’Howard où il enseigne la médecine. Entre temps, le Dr Drew, élu en 1946 membre du Collège international des chirurgiennes se voit décerner de nombreuses distinctions, qui témoignent de son exceptionnel travail, entre autres, la médaille Spingarn de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP) en 1944; un doctorat honorifique ès sciences au Virginia State College et au Collège d’Amherst en 1945. Sa vie est brutalement fauchée lorsque, victime d’un accident de voiture, il meurt le 1er avril 1950 des suites d’une hémorragie dans un hôpital à Burlington, en Caroline du Nord, laissant dans le deuil son épouse, Léonore Robbins, et quatre enfants.
Sources :
- Yves Antoine, Inventeurs et savants noirs, Paris, éd. L’Harmattan.
- www.associationarchive.com – J.-P. Omutunde. Chercheur en histoire africaine.
- Université de Princeton
- G. Konan. Politique et toponymie. Le symbolisme montréalais. UQAM, 2000.