Fils d’un marin français et d’une mère africaine originaire du Congo, Jean-Baptiste Pointe DuSable est né à Port-au-Prince (Haïti). Pris en main par son père, il est éduqué en France, à Paris, où il poursuit ses études. DuSable ne trouve cependant pas sa place dans la société hiérarchisée de la capitale française et rêve d’un monde plus égalitaire. Il s’embarque donc pour le Nouveau Monde en 1762. Après un arrêt à la Nouvelle-Orléans, où l’arrogance des Espagnols lui rappelle celle des Français, il traverse le Mississipi et fait la connaissance des Indiens près du lac Michigan. Leur accueil chaleureux l’incite à rester dans la région.
Pacifique et respectueux, Jean-Baptiste s’attire particulièrement la confiance et l’estime de la tribu Potowani tout entière, qui le désigne comme son représentant et son porte-parole auprès des Anglais. Il épousera d’ailleurs une des leurs, Catherine, en 1788.
Avant cela, cet homme doué pour les affaires aménage un immense domaine comprenant, en 1784, outre la résidence, plusieurs bâtiments dont deux granges, un moulin, une boulangerie, une crèmerie, un poulailler, un atelier, des fermes avec écurie et bétail. Également marchand de fourrure (on dit qu’il fit plusieurs voyages au Canada et négocia avec les Français de la Nouvelle-France) et administrateur (responsable des affaires des Américains natifs de la région du Lac Michigan à la suite d’une pétition adressée au protectorat britannique en 1780), Just bâtit à lui seul un véritable centre commercial –pour l’époque- sur les rives du fleuve Chicago.
Si, en 1800, le couple DuSable se départit à un très bon prix de sa propriété et se retire à St-Charles, dans le Missouri, il n’en reste pas moins que ce coin de terre garde à jamais l’empreinte du « baroudeur » qui établit le premier comptoir commercial sur la rive nord de l’embouchure de la rivière Chicago. Ce poste de ravitaillement principal pour les trappeurs, marchands, coureurs des bois et autochtones prospéra et fut à l’origine de l’établissement d’une colonie permanente, pierre angulaire du cœur de Chicago (5 000 habitants en 1840, 1 000 000 en 1890, 3 400 000 en 1930).
Une plaque installée en 1912 sur un édifice à l’angle des rues Pine et Kinzie, à Chicago, honore le souvenir de ce pionnier qui crut en cette région et y attira petit à petit une foule d’immigrants à la recherche d’un lieu où construire un nouvel avenir.
Sources :
- Inventeurs et héros noirs de Paul Fehmiu Brown et Oumar Dioume
- Africamaat.com
- BlackStudies.ca