En 1804 naissait à Paris une grande figure républicaine qui n’aura de cesse de se battre pour les droits de l’homme et consacrera sa vie et sa fortune au service de causes humanitaires. Fils spirituel de l’abbé Grégoire1, Victor Schoelcher, sous-secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies en mars 1848, sera le principal instigateur de l’adoption du décret d’abolition de l’esclavage, voté par le Parlement français, le 27 avril 1848, rendant ainsi la liberté à plus de 260 000 personnes.
Ce bourgeois et ami de Victor Hugo, plus à l’aise dans les milieux littéraires, artistiques et politiques que dans l’usine de porcelaine de son père, adhère aux idées sociales : suppression de la peine de mort, éducation des enfants à la charge de l’État, meilleure position pour la femme. Lors de ses voyages d’affaires aux Antilles et aux États-Unis, il est choqué par le traitement réservé aux esclaves. Il en revient déterminé à dénoncer cette abomination et à faire des Noirs des citoyens de la République. Livres, témoignages, pamphlets deviennent ses armes.
« Disons-nous et disons à nos enfants que tant qu’il restera un esclave sur la surface de la terre, l’asservissement de cet homme est une injure permanente faite à la race humaine tout entière. »
C’est ainsi que, dès 1840, Schoelcher propose au Parlement un texte limitant les châtiments corporels infligés aux esclaves, leur accorde le caractère de personnes civiles et rend obligatoire leur instruction élémentaire.
Député de la Martinique et de la Guadeloupe entre 1848 et 1850, sénateur en 1875, il donnera en legs ses livres à plusieurs institutions et des objets au musée d’ethnographie du Trocadéro (devenu le musée de l’homme).
Sources :
- Revue trimestrielle LABEL France – Octobre/Décembre 2004
- Historia numéro spécial – Octobre 2003
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1 Cet abolitionniste convaincu participa activement à la « Société des Amis des Noirs », fondée à Paris en février 1788. Il demandait, dès 1789, que les droits naturels s’étendent aussi aux Noirs libres ou non. L’esclavage sera en effet aboli par la Convention en 1794 mais rétabli par Napoléon 1er en 1802. L’abbé Grégoire (1750-1831), avocat des juifs, des noirs et des esclaves, rejoignit, en 1989, V. Schoelcher au Panthéon lors des cérémonies du bicentenaire de la Révolution.