Issu d’une famille aristocratique et catholique fervente du Portugal, avocat de carrière, Aristides Sousa Mendes, né le 19 juillet 1885 à Cabanas de Viriato, embrasse la carrière diplomatique en 1910. Nommé consul général à Bordeaux (France) en 1938, il va se distinguer durant la Deuxième Guerre mondiale en n’hésitant pas à outrepasser les directives du ministre de la Guerre et des Affaires Étrangères -nul autre que Antonio de Oliveira Salazar- pour venir en aide aux milliers de réfugiés, épuisés et fatigués, qui prenaient d’assaut les consulats américain, anglais, espagnol et portugais pour fuir le nazisme. C’est ainsi que, durant l’été 1940, et particulièrement entre les 17 et 23 juin, en compagnie du rabin d’Anvers, Jacob Kruger, qui lui avait fait comprendre le risque que courait la communauté juive, il délivrera plus de 30 000 visas, dont 10 000 aux Juifs. Sommé de rentrer à Lisbonne, le consul trouve le moyen, en cours de route, d’utiliser sa stature pour signer d’autres visas. Il a encore l’occasion, avant de franchir la frontière espagnole, d’intervenir auprès de réfugiés bloqués au poste d’Hendaye, la frontière ayant été fermée. Dans une auberge proche, il fabrique de nouveaux visas où apparaissent sa seule signature et ces quelques lignes, priant au nom du gouvernement portugais, les autorités espagnoles de laisser le porteur traverser librement leur territoire. Le diplomate emmène ensuite ces centaines de personnes vers un autre petit poste frontière, bien isolé et miraculeusement sans téléphone, et réussit à convaincre un policier espagnol, impressionné, de faire passer le groupe. Ce sera le dernier miracle du consul portugais !
Cet acte de désobéissance lui coûte sa carrière et son honneur : il tombe en disgrâce. Ruiné, malade, il lui arrive de fréquenter, avec sa famille, la cantine des réfugiés juifs de Lisbonne. Il s’éteint le 3 avril 1954 à la suite d’une hémorragie cérébrale à l’Hôpital des pères franciscains de Lisbonne, qui l’avait accueilli.
Ce n’est qu’en 1987 que le président du Portugal, Mario Soares, décore à titre posthume le consul Aristides de Sousa Mendes pour son action exemplaire. L’organisme israëlien Yad Vashem n’aura pas attendu si longtemps pour frapper une médaille en sa mémoire, en 1966. Yehuda Bauer, spécialiste des réfugiés juifs durant la guerre, écrira :
Source :
- http://www.bibliomonde.net/pages/fiche-livre.php3
- Les rues de Montréal, Répertoire historique, 1995, page 463.